Dix idées reçues sur les demandeurs d'asiles

Idées reçues

Dix idées reçues

Depuis 2015, des demandeurs d’asile sont accueillis par la Fédération Léo Lagrange sur la Commune de Saint Beauzire dans le Brivadois. Des habitants du Brivadois participent à cet accueil. D’autres sans chercher à entrer en communication avec les personnes accueillies participent à faire circuler des rumeurs et idées reçues.

 La première idée reçue concerne la somme d’argent qu’ils perçoivent

Nous avons entendu plusieurs fausses informations allant jusqu’à affirmer qu’un demandeur d’asile touchait 40€ par jour. Comme le soulignait déjà en 2015 un des salariés de la structure d’accueil : « avec une telle somme, qu’est-ce qu’ils font à quatre dans une chambre ? Ils peuvent se prendre un studio chacun ! » En ce sens, il n’avait pas tort. En fait, ils ont l’ADA. L’allocation pour demandeur d’asile (ADA) a été créée par la loi du 29 juillet 2015 relative à la réforme du droit d’asile. L’OFII est chargé de la gestion de cette allocation dont le paiement est assuré par l’Agence de services et de paiement. Elle est versée pendant la période d’instruction de la demande d’asile.  Elle est de 6,8 euros par jour pour une personne seule. Elle augmente de 3,4 euros par membre de la famille supplémentaire.

 La deuxième idée reçue : Ils ont des téléphones qui coûtent chers

Quand on arrive sur le site, surtout les jours de beau temps, ils sont nombreux à être sur leurs smartphones. Ils ont quitté les leurs. Le seul moyen pour eux de rester en contact, c’est grâce au téléphone. Le smartphone permet également de voir leur correspondant. C’est un peu le cordon ombilical qui les maintient en lien avec ceux qu’ils aiment et ont dû quitter du jour au lendemain.

 La troisième idée reçue fait dire à certains qu’à peine arrivés, ils s’enfuient de Saint Beauzire

Les personnes qui arrivent sur le CADA, sont des personnes qui une fois arrivées en France sont orientées par l’Office Français de l'Immigration et de l'Intégration. Quand ils arrivent à Saint Beauzire, en pleine campagne, ils souhaitent repartir au plus vite. L’un d’entre eux nous a raconté que deux jours après son arrivée, il avait décidé de s’en aller. Alors qu’il fuyait, il a été interpelé par des gendarmes qui l’ont ramené sur le site. Plusieurs jours après, alors qu’il revoyait l’un des gendarmes, il est allé auprès de lui pour le remercier de l’avoir ramené car, après quelques jours, il était très heureux d’être sur le site. En fait, très peu de personnes accueillies sont parties du site.

 La quatrième idée reçue est une rumeur qui consiste à dire que depuis qu’il y a des migrants sur Saint Beauzire, il y a de nombreuses agressions sur le territoire.

Très vite après l’arrivée des premiers migrants, les rumeurs ont commencé. Des agressions près des écoles, des vols dans les grandes surfaces… Lors d’une réunion entre les membres des divers services de l’Etat, il a été souligner par la gendarmerie que depuis l’arrivée des demandeurs d’asile sur le territoire il avait été constaté une baisse de la délinquance sur la Commune. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ? Les rondes qu’effectuent les gendarmes.

 La cinquième idée reçue consiste à faire croire qu’à Saint Beauzire, ils sont comme à l’hôtel. Ils ne participent pas aux tâches ménagères.

Lors d’un reportage de France 3, une personne interrogée avait dit que les réfugiés ne faisaient rien et qu’il y avait du personnel pour faire le ménage dans leur chambre. Non ! les personnes accueillies sont responsables de la propreté de leurs chambres, des communs et font leurs repas. Rappelons également qu’ils vivent à plusieurs dans la même chambre. Souvent, entre bénévoles, nous nous demandons combien de temps nous tiendrions à leur place ?

 La sixième idée reçue : Tout le monde ne peut pas être bénévole sur la structure d’accueil

Dès la première semaine de l’accueil sur le site de Saint Beauzire en 2015, de nombreux bénévoles ont appelé pour demander comment ils pourraient être utiles.

Depuis que la structure est devenue un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile en 2019, les bénévoles qui participaient à cet accueil ont créé une Association partenaire du CADA. Cette Association s’appelle La LOCO. Elle travaille en partenariat avec le CADA mais ses missions sont plus vastes. La Loco est une association dont l’objet est de promouvoir la solidarité et le ‘Vivre ensemble’ à travers le développement d’activités, la formation et l’animation à caractère social, culturel, sportif et environnemental. Se revendiquant de l’éducation populaire, la Loco s’adresse aux habitants du territoire sur lequel elle est implantée et notamment ceux qui se trouvent en situation d’exclusion et/ou de précarité.

Les moyens d’action de l’association sont :

  • La création, la gestion, l’animation et le développement d’activités permettant la rencontre, le dialogue, l’entraide et le partage de savoir-faire entre les habitants d’origines socio-culturelles et des actions intergénérationnelles.
  • La mise en relation d’acteurs d’horizons divers dans une logique partenariale et territoriale forte afin d’apporter des réponses à la question : ‘Toi et moi, qu’est-ce qu’on peut faire ensemble ?’

Être bénévoles, mais qu’est-ce que l’on peut faire comme bénévole de la LOCO ? | La Loco

Les migrants sont des machos qui ne respectent pas les femmes, septième idée reçue !

Ils viennent de pays et de cultures différents des nôtres. Mais ils sont très à l’écoute de ce qu’ils découvrent. Les habitants qui participent aux activités de la LOCO sont témoins du respect qui les anime. Ils, comme elles, se voient saluer d'une poignée de main et d'un « bonjour ». Peut-on en dire autant en d’autres lieux ? Point de machisme, donc, mais un « profond respect ».

« C'est insupportable de voir qu'on aide ces étrangers alors qu'il y a plein de gens autour de Brioude qui ont besoin d'être aidés ». Une huitième idée reçue.

Peut-être que les personnes qui ont de tels propos sont rarement elles-mêmes engagées auprès des personnes dans le besoin. En effet, comme évoqué plus haut, parmi les nombreux bénévoles de la LOCO, nombre d'entre eux sont déjà impliqués dans des associations locales d'aide aux plus démunis. Plusieurs d’entre eux sont présents au sein du Comité brivadois de soutien aux opprimés qui regroupe de nombreuses associations d’aide et de solidarité du Brivadois. Les personnes engagées dans la solidarité au quotidien ne font pas de différence entre les personnes secourues.

De plus, certains des résidents participent à cette solidarité en participant auprès des associations :

Les bénévoles de LOCO souhaitent être autant de mains tendues pour ces divers publics alors que d’autres habitants s’y opposent. Les principes qui fondent et motivent les actions de la LOCO : la main tendue à ceux qui sont isolés et perdu en raison de leur parcours de vie.

 

 La neuvième idée reçue serait que les migrants vont nous envahir.

Les personnes accueillies sur le territoire fuient leur pays pour échapper à des persécutions politiques ou religieuses. En France, ils étaient 64 000 en 2014. En 2015, ils ont été 77 000. Nous sommes très loin de l'Allemagne qui a accepté 800 000 réfugiés, 80 000 sont allés en Suède alors que ce pays est dix fois moins peuplé que la France. La France a déjà connu des vagues de réfugiés beaucoup plus importantes.

Les habitants qui se sont risqués à venir à la rencontre des personnes accueillies au CADA ont aujourd’hui un regard différent.

Sur le Territoire, accompagnés par des bénévoles de la LOCO, certains réfugiés sont allés témoigner dans des collèges et des lycées. Des témoignages ont lieu également à l’occasion du Festival des Solidarités à Brioude. La rencontre participe à la transformation des mentalités. Témoignages en milieu scolaire | La Loco

 Et enfin, la dixième idée reçue consiste à dire que le CADA est un drôle d’endroit. On ne saura jamais ce qu’il s’y passe !

Avec la LOCO, les résidents du CADA participent à la vie locale en étant présents à de nombreuses activités et en devenant bénévoles au sein d’associations partenaires.

  • La Loco et le Collectif Solidarité en Brivadois organisaient, une soirée pour mettre à l’honneur les talents des réfugiés du centre d’accueil de Saint-Beauzire et les actions menées pour les accueillir.La diversité était au rendez-vous et a rythmé la soirée du Festival des Solidarités, à la Halle aux grains à Brioude. Ce mercredi 18 janvier, dès 19 h 30, témoignages, chants, sketchs et pièces de théâtre réalisés par les réfugiés du centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) se sont succédés sur la scène. L’occasion de mettre à l’honneur « les talents cachés », comme le soulignait Anne-Lena, coordinatrice de la Loco. Festival des Solidarités 2023 | La Loco
  • Le dimanche matin 26 février, au bourg de Saint-Beauzire, il faisait un froid de canard… Malgré ces conditions météorologiques peu favorables des bénévoles de la LOCO et des résidents du CADA étaient à pied d'œuvre, bêches et pioches à la main. Ils avaient rejoint des familles de Saint-Beauzire, citoyens et élus de la municipalité, des membres du Collectif EcoCitoyen du Brivadois. Il s'agissait de planter des arbres (214) sur le parking, l'aire de jeux et le terrain jouxtant le local technique communal, dans le cadre de l'action "Aux arbres citoyens" menée par le CECB auquel avait fait appel la municipalité. Aux arbres, citoyens de Saint Beauzire ! | La Loco
  • Le jeudi 12 janvier les initiateurs sportifs de la LOCO avaient rendez-vous une nouvelle fois avec les enfants de l’école publique de Saint Beauzire. Dans les mois à venir, ils rejoindront d’autres écoles du territoire. Initiation sportive | La Loco