Ce dimanche matin 26 février, au bourg de Saint-Beauzire, il faisait un froid de canard. D'autres diront qu'il faisait un temps à ne pas mettre un chien dehors. En plus de celà, il faisait un vent à décorner le bœufs. Malgré ces conditions météorologiques peu favorables à nos amies les bêtes, nous étions pourtant à pied d'œuvre, bêches et pioches à la main. Nous, c'est-à-dire des familles de Saint-Beauzire, citoyens et élus de la municipalité, des membres du Collectif EcoCitoyen du Brivadois, des bénévoles de la Loco et des résidents du CADA. Il s'agissait de planter des arbres (214) sur le parking, l'aire de jeux et le terrain jouxtant le local technique communal, dans le cadre de l'action "Aux arbres citoyens" menée par le CECB auquel avait fait appel la municipalité.
Après avoir écouté les explications et conseils de Luc du CECB - ne pas planter trop profond, remettre ensuite la terre en brisant les mottes et tasser délicatement à la main, pas au pied - nous nous sommes mis au travail. Il faut avouer qu'au début, sur le parking, malgré le froid, ce n'était pas bien sorcier et nous avons vite expédié la chose. Puis nous sommes passés sur le terrain à côté, dont nous ne savions pas encore qu'une partie était destinée à devenir un terrain de foot (ça a son importance, on le verra par la suite). Là aussi peu de difficulté: on creuse, on plante et on remet la terre dé-li-ca-te-ment. Les lieux avaient été repérés préalablement et des bâtons de bois avait été plantés pour indiquer les emplacements où devaient être plantés les arbres. Emportés par notre enthousiasme, nous avons continué à creuser-planter-reboucher sur l'autre partie du terrain où il y avait aussi des bâtons, certes plus haut, mais bon, pour nous ça devenait pavlovien: on voit un bâton, hop on plante! Las, bien mal nous en a pris! M. le Maire (Alain Marchaud) se précipite: "Pas là! Malheureux! C'est le terrain de foot!". Les bâtons étaient là pour délimiter le terrain, les buts, corners et autres marques de jeu. L'erreur a été vite réparée, nous avons déplanté les arbres fautifs, mais, imaginez, si on avait découvert l'erreur plus tard... Mais bon, aussi, un terrain de foot marqué par des arbres, ça pourrait avoir de la gueule! Quand nous étions gamins, à la campagne, deux arbres faisaient l'affaire pour faire office de but... Fin de la digression.
C'est alors que nous sommes entrés dans la phase la plus délicate de la matinée: planter les arbres sur un talus ayant un dénivelé de bien 3 mètres et une pente de plus de 50%. Le talus était recouvert de bâches où des marques avaient été peintes là où devaient être plantés les arbres. Sur le sommet du talus, ça ne posait pas trop de problème, mais dans la pente ça se compliquait. Il était difficile de creuser dans une position et un équilibre précaires avec un vent froid qui redoublait de puissance. Chutes et glissades n’étaient pas rares - je soupçonne les enfants présents d’en avoir un peu abusé… Les plus avisés (Lionel, Serge et Idrees entre autres), à l’aide d’une corde, ont pallié la difficulté en plantant les arbres en rappel.
En fin de matinée, nous sommes venus à bout de ce talus. Les 214 arbres étaient plantés. Le soleil commençait à percer et nous, qui étions gelés, profitions de ses moindres trouées pour nous réchauffer un peu. Les Afghans habitués aux rudes conditions de l‘hiver dans leur pays (les 8 résidents du CADA présents étaient quasi tous afghans, seul figurait un Kurde) qui, d’habitude se soucient peu du froid, qu’on a souvent vu se promener en T-Shirt et sandales en plein hiver, ont reconnu qu’ils avaient eu terriblement froid. C’est dire.
À propos, pourquoi plante-t-on les arbres en hiver ? Jean-Marie du CECB m’a appris que l’on plante les arbres en racines quand ils dorment, c’est-à-dire l’hiver. Plus prosaïquement dit : les arbres en racines nues doivent être plantés pendant la période de repos végétatif. En proverbe, ça donne : « À la sainte Catherine, tout bois prend racine ».
Il était midi, c’était l’heure d’aller manger, puisque la municipalité nous avait généreusement préparé un super-repas, bien au chaud à la cantine sur la place de l’Eglise. C’était bon et abondant, tout ce qu’il fallait pour nous réchauffer le cœur. Alam et Zaibiullah ont particulièrement apprécié le fromage auvergnat (cantal et bleu). L’ambiance était chaleureuse et au moment de repartir (il fallait raccompagner Said et Mirwais qui avaient un match de foot à Saint Just) on s’est promis de se retrouver au plus tôt pour de nouvelles aventures…