Témoignages d’exilés au lycée Sévigné à Issoire

Témoignages d’exilés

Ce mardi 23 mai, nous étions invités au lycée Sévigné à Issoire auprès d’une classe de seconde.

Deux bénévoles, Vincent et Corinne accompagnaient trois exilés : I. Afghan, N. Tibétain et S. Syrien.

Nous sommes entrés dans l’établissement scolaire par le sous-sol, et après quelques errances au sein des cuisines et réfectoires, nous avons trouvé notre chemin dans cet établissement aux hauts plafonds voutés, des escaliers majestueux. Architecture intéressante, mais l’historique de cet établissement privé, qui  propose d’accueillir des enfants de la maternelle au lycée, et BTS,  n’est pas notre sujet !

Delphine, professeur de géopolitique nous a conduits auprès de ses élèves de seconde, ressentis, très curieux et attentifs dès les premiers instants. Elèves, qui outre l’enseignement général, ont choisi des options telles que Latin, Sport, Arts. Un élève de terminale, suivant des cours de géopolitique, était également présent.

Après une présentation réciproque, nous avons retracé  le parcours d’un exilé arrivant en France avec une précision et définition des mots clefs : demandeur d’asile, Cada, OFPRA, sans papiers…

Après une courte pause dans la salle des professeurs, la deuxième partie de notre venue a été consacrée aux témoignages.

S. qui témoigne pour la quatrième fois au sein d’un établissement scolaire, a rythmé son intervention, en proposant dans un premier un enregistrement en français, relatant la situation politique en Syrie depuis 2011. Puis, en anglais, a parlé de son  vécu en tant que jeune étudiant puis son départ obligé de son pays, via la Turquie où la vie était difficile pour un Syrien, et enfin son arrivée en France, son attente de papiers au CADA de Saint-Beauzire, son autonomie à Clermont, son investissement au sein de La Loco (membre du CA), son adaptation à la culture française et sa volonté d’apprendre le Français afin de travailler rapidement. Des questions pertinentes lui ont été posées mais le timing devenait très serré et malheureusement nous avons du limité sa prestation ; oui, nous pouvons parler de « prestation ».

Puis I. a souhaité intervenir en Français ; il a demandé de l’indulgence car il apprenait seulement depuis 4 mois ! Tous ont été épatés de son niveau et de ses efforts. Il a parlé de la situation de l’Afghanistan depuis la première prise de pouvoir des Talibans, avec des dates précises écrites au tableau, l’arrivée des Américains qui a permis une certaine stabilisation quelques années, leur départ et de nouveau le chaos avec les Talibans et l’obligation, pour lui, de laisser sa maison, sa famille. Il raconte qu’il a marché sept mois à travers différents pays pour parvenir en France.  A une question, il répond qu’il était professeur d’Anglais, et que sous les Talibans il était  impossible d’enseigner et de transmettre une éducation.

N. a pris la parole en Anglais. Avec beaucoup d’émotions il a parlé de la situation des Tibétains depuis de nombreuses années et de l‘oppression quant à leur culture. Les lycéens ont bien suivi mais… mais pas moi ! Heureusement N. témoigne de nouveau au collège de Brassac dans deux jours et peut être un bon traducteur sera présent ?  

N. est également bénévole au sein de La Loco en proposant des séances de Yoga.

Mais déjà la sonnerie retentissait et les élèves devaient rejoindre un autre cours. Nous les remercions de leur accueil, ainsi que leur professeur, de leurs applaudissements discrets et encourageants au cours des échanges. Leur émotion palpable quand S. et I. évoquent la difficulté de communiquer avec leur famille sans les mettre en danger.

Professeur que nous reverrons  l’année prochaine sans aucun doute ! Pour d’autres rencontres si riches de partages et d’émotions.

Toujours admirative de la faculté de ces témoignages douloureux mais toujours exprimés avec beaucoup de pudeur, et de minimiser des faits pour préserver ce public si jeune (les Talibans sont « cruels »).

Aucun des réfugiés ne se positionne en victime, ils veulent être acteurs de leur vie et chacun se projette dans son avenir en France.

Mercredi 31 mai 2023

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