Vendredi 8 Février, La Loco était invitée au collège Marguerite Thomas à Sainte Florine. Lever matinal pour trois résidents du CADA, H., LB. et F. En effet, rendez-vous était pris à 8h afin de se rendre au collège pour témoigner auprès de tous les élèves de 4ème.
Deux bénévoles les accompagnaient dans cette démarche : Patrick et Geneviève. À leur arrivée, ils sont accueillis par Pierre, le professeur à l’initiative de cette rencontre. Direction la salle communale et premiers contacts avec les collégiens.
L’intervention se déroule en plusieurs étapes. Tout d’abord les présentations: LB, H., F. demandeurs d’asile, Patrick, Geneviève puis les collégiens par leur délégué de classe.
Nous formulons le souhait que cette intervention se passe dans le plus grand respect de chacun. Message bien entendu ! Patrick présente alors le CADA, son rôle, son implantation sur le territoire. Puis, c’est au tour de Geneviève d’évoquer l’association La LOCO, l’engagement des bénévoles qui apportent leurs compétences, et, grâce à leur implication, les multiples actions et activités proposées : cours de français, de code, sport, sorties, rencontre avec les gens du territoire, témoignages auprès des jeunes… et LB, d’ajouter: « La Loco a aussi parlé de sa politique de proximité qui a pour objet de soutenir et de faire participer les migrants à l’amélioration de leurs conditions de vie ».

Ensuite, parole est donnée aux collégiens : questions sur la problématique migratoire, la connaissance qu’ils en ont, les réflexions que cela suscite et d’autres, comme : « Quand êtes-vous partis de votre pays? Pourquoi ? Etes-vous venus avec votre famille, combien de temps avez-vous mis ? Pourquoi la France ? Avez-vous été maltraités pendant votre migration ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Avez-vous été bien accueillis ? Travaillez-vous actuellement ? »
Autant de questions restées en suspens car, au travers des témoignages, des réponses seront apportées. Après ce temps de prise de contact, LB. a relaté « son histoire ». « Je suis parti parce que je n’ai pas bénéficié de la protection des autorités locales de mon pays car j’ai dénoncé le déficit de commandement dans des zones de guerre, au risque de ma vie. Je suis parti seul, clandestinement, j’ai fui mon pays où j’avais une vie, une profession. Mon pays, le Congo, est un pays riche ; il y a des mines de lithium, de cobalt… tous ces minerais qui entrent dans la fabrication des batteries de voitures électriques, des portables, des nôtres, des vôtres !... Des gens meurent pour cela !...Nous comptons 12 millions de morts au cœur de la guerre montée par des hommes véreux et qui créent ainsi une diversion à la communauté internationale… »
Le récit se poursuit, un échange avec les jeunes s’installe. Et LB. d’ajouter « Les demandeurs d’asile sont en France car ils étaient en danger de mort dans leur pays mais, je ne vous dirai pas tout car je vous ferai pleurer et je ne veux pas vous faire pleurer »…
L’émotion est tangible, intense, partagée… Après ce témoignage vient celui de H. Lui, aussi a quitté son pays, le Soudan, car, il a tout perdu, son travail, son commerce dans l’habillement… Il a même été gravement blessé lors d’une intervention de la police. Il n’a d’ailleurs repris connaissance que deux jours plus tard. « La cicatrice que vous avez au visage, vient de là ? » questionne un élève. « Oui, et je n’ai pas été soigné tout de suite ; on m’a quand même cousu mais la plaie s’est infectée, il a fallu enlever les points et recommencer. En tout 28 points… J’ai beaucoup souffert… » Pour lui aussi, ce sera la fuite, le « terrible voyage » !... Depuis, il n’a plus de nouvelles de sa femme, de ses deux enfants, de sa famille… Souvent, H. prononce un mot qui le fait rêver : « LIBERTÉ ». Son regard, alors, se perd…
Enfin, F. d’Erythrée prendra la parole. Dans son pays, dès qu’un garçon a 18 ans, il est enrôlé dans l’armée pour la vie! S’il refuse, s’il se sauve, il est déserteur et passible d’emprisonnement, de mise à mort… Lui aussi a été blessé. Il s’est brisé les jambes en sautant d’un camion en marche. Il est resté de longs mois à l’hôpital. Puis, il a fui…Parmi les jeunes, l’attention est soutenue, l’émotion intense. Il est grand temps de faire une pause !
Une collation a été préparée. Chacun en profite pour échanger, faire plus ample connaissance. Pierre ainsi que d’autres professeurs y participent.
Les témoignages reprennent. Ce sera, par Geneviève, celui d’un demandeur d’asile débouté de sa demande, son parcours avec le naufrage dramatique (4 rescapés, dont lui, sur 70 personnes embarquées), son séjour en France, son espoir déçu, sa situation actuelle, son avenir aléatoire. Dans son cas, deux possibilités: soit retourner dans son pays comme l’exige la loi française, soit rester et devenir clandestin… Mais, et Geneviève le cite : « Rester en France, sans papiers, c’est être un corps sans âme, sans vie. » Pourtant, retourner au pays au risque de sa vie, mettre en danger sa famille? Impossible!
Au terme de ce dernier témoignage, nouvelles questions, réponses, réflexions. Echange hyper-riche, émouvant! Enfin, pour terminer cette intervention, évocation par les bénévoles et les demandeurs d’asile présents, de l’engagement des adhérents de La LOCO, le pourquoi, le comment. Ainsi, LB. dira-t-il: « Bravo à La LOCO, comme une mère pour nous, pour le souci de l’orientation et de l’intégration de la vie commune. » Evocation aussi par Patrick de la nouvelle loi sur l’immigration, ses conséquences…
L’heure du repas a sonné mais, avant, court instant de détente et de ping-pong entre quelques élèves et H. alors que d’autres s’entretiennent encore avec LB., F., Patrick, Geneviève, Pierre, des professeurs. Puis, direction le self et déjeuner avec des professeurs.
Enfin le départ. Au revoir à tous et grand MERCI. Merci à Pierre pour son accueil, aux élèves pour leur écoute, leur participation, leur bienveillance, à LB., H., F. pour leur témoignage, leur démarche courageuse, Patrick et Geneviève.
Dernières paroles de LB. : « Un conseil pour ces jeunes : Quand tu veux abandonner, pense à ceux qui aimeraient te voir échouer; prouve-leur qu’ils ont tort ! ». Message bien reçu que chacun, jeune ou adulte, peut s’approprier, n’est-ce pas? Alors, continuons!...
Sans oublier ce mot cher à H., à tous ceux qui fuient leur pays et les fait rêver : « LIBERTÉ ».