Ce Vendredi 3 février, six bénévoles de la Loco intervenaient au Lycée Lafayette: Corinne, Geneviève, N., P., K. (demandeurs d'asile) et Salah (réfugié).
C’est N., qui a clôt cette rencontre avec des lycéens de première du lycée Lafayette, par ses mots avec une belle conviction d’une voix de ténor : « Apprenons à vivre ensemble et soyons solidaires » Applaudissements !
Oui, en effet, l’objectif de ces rencontres auprès de jeunes, c’est casser les stéréotypes, préjugés à l’encontre des exilés. Donc, nous avions programmé cet après midi, avec Michel Coste, enseignant, auprès de trois classes de Première.
Installés dans la salle de conférences, devant une centaine d’élèves, Salah (en anglais), K. (en anglais) et N. (en français) ont pris la parole avec micro pour nous raconter leur périple ; beaucoup de pudeur et d’émotion. Une élève, anglophone et arabophone, était présente pour traduire éventuellement. Nous la remercions de ses interventions discrètes et efficaces.
Geneviève, bénévole, a également pris la parole pour raconter le périple d’un exilé qui n’a pas obtenu le statut de réfugié qui est donc, devenu clandestin, avec un mode de vie précaire et déshumanisé ; elle précise qu’il travaille avec des bulletins de salaire! Dans un métier en tension : ouvrier dans le bâtiment. Exemple qui illustre parfaitement l’insertion professionnelle des exilés même sans papiers !!! P., a souligné que :
- cinq années de présence sur le sol français avec 8 mois de travail sur les deux dernières années, ou 30 mois sur les 5 ans
- ou, trois années de présence, avec 24 mois de travail ou 8 mois dans les 12 derniers mois,
permettaient de demander une régularisation!!! (On peut se demander où est la logique de refuser d'abord des papiers à un Demandeur d’asile puis de les lui accorder près une certaine période quand il devenu sans papiers ; c’est un autre débat mais je pense que les élèves ont relevé cette aberration).
Un peu réservés lors des témoignages nous avons rencontré plusieurs jeunes lors de la pause, qui sont venus nous poser des questions : pourquoi moins de femmes migrantes ? Les relations avec vos familles restées au pays d’origine, est-ce qu’il y a des cours d’arabe à La Loco? Une jeune souhaite devenir bénévole mais a déjà un emploi du temps chargé… Danseuse, elle va tenter de nous avoir des places pour des spectacles ! Et peut-être organiser une collecte de vêtements au sein de son établissement scolaire. Deux autres jeunes filles souhaitent effectuer leur Service National Universel (84 heures) à La Loco ! A suivre donc.
Nous attendons avec impatience le retour de nos questionnaires ! Et nous sommes « presque » persuadés que nous avons eu un impact sur la vision des jeunes à l’encontre des exilés !!! Nous vous informerons des réponses !
Une pensée pour cette jeune lycéenne venue nous remercier en sanglotant, tant elle était émue. Nous avons tenté de la consoler mais elle semblait inconsolable devant l’injustice du Monde ! Petites larmes de « solidarité » pour les bénévoles…

Le témoignage de Salah / اسمي صلاح
اسمي صلاح صحفي سابق من محافظة ريف دمشق-سوريا، والآن متطوع لدى جمعية لا لوكو، شاركت في هذا اللقاء مع طلاب ثانوية بريود، والذي يعتبر اللقاء الثاني لي بعد لقاء ثانوية سانت فلورين في وقت سابق من العام المنصرم، تعتبر هذه اللقاءات مهمة جداً لتعريف الطلاب عما يجري حولهم في العالم، فلذلك كان لا بد لي للمشاركة والحديث عن الوضع في سوريا عما حصل سابقاً ومايحصل الأن ومن السبب في ذلك ولماذا أنا هنا وكيف أتيت وماهي المخاطر التي واجهتها في حياتي قبل خروجي من سوريا وقبل مجيئي لفرنسا، الكثير من الأمور وجب توضيحها لهم!
فبدايةً عرفت عن نفسي باللغة الفرنسية بالمقدار الذي اعرفه من اللغة الفرنسية، وبعد ذلك أكملت باللغة الإنجليزية القليلة التي اجيدها، مع وجود مدرس من كادر المدرسة يقوم بالترجمة للطلاب و وجود طالبة عربية من تونس تدعى مريم قامت بترجمة بعض الملاحظات التي كانت صعبة علي لفهمها، تطرقت للحديث اولاً عن الثورة السورية السلمية التي بدأت في سوريا في 15 آذار عام 2011، وبعد عن الظلم الذي تعرضنا له من قبل نظام بشار الأسد وقتله للشعب بالتشارك مع النظام الروسي و الإيراني بالإضافة لمليشيات لبنانية تابعة لإيران أيضاً، ثم تحدثت عن توقفي عن دراستي الجامعية بسبب إغلاق مدينتي وحاصرتها من قبل جيش بشار الأسد، وبعدها تحدثت عن بدء عملي الصحفي في توثيق المظاهرات السلمية التي بدأنا بها، ثم القصف والقتل الذي مارسته تلك الدول التي ذكرتها سابقاً في حق الشعب السوري، ثم عن التهجير الذي فرضه علينا بشار الأسد حيث لم يكن هناك خيار آخر أمامنا فإما البقاء والتعرض للإعتقال والقتل أو الخروج من المدينة والحفاظ على أرواحنا!
لذلك أخترت الخروج مجبراً من المدينة وأنا حزين وغير راضٍ عن ذلك، ثم توجهت لشمال سورياً، أيضاً هناك كان الوضع الأمني و الاقتصادي سيئاً جداً، فقررت الذهاب إلى تركيا مشياً على الأقدام بطريقة غير شرعية عبر الحدود، وفعلت ذلك بعد عدة محاولات، حيث استغرق الأمر 15 ساعة متواصلة عابراً للسهول والجبال حتى وصلت إلى تركيا وبعد ذلك ذهبت اسطنبول بواسطة سيارة، فعند وصولي لتركيا حلمت أن أستقر أخيراً وأكمل حياتي التي توقفت منذ عام 2011 ولكن لم يسير الأمر كما هو مخطط له بل كان لأغلب الشعب التركي والحكومة رأياً آخر، وهو المطالبة بطرد السوريين وترحيلهم بشكل قسري وإجباري، حيث تعرضت لمضايقات كثيرة أثناء وجودي في تركيا الذي أستمر لثلاث سنوات قبل أن أتقدم بطلب للقنصلية الفرنسية في اسطنبول للحصول على الحماية من قبل الحكومة الفرنسية مع تقديم كافة الوثائق التي امتلكها والمبررات التي تسمح لي بتقديم الطلب، ثم بعد عمل المقابلة في نهاية عام 2019 انتظرت حتى نهاية عام 2021 للحصول على الموافقة والقدوم إلى فرنسا، وأنا أشكر الحكومة الفرنسية لمنحي هذه الحماية.
- كان هناك سؤالاً من إحدى الطالبات عن رغبتي في إستكمال دراستي هنا في فرنسا بعد فترة الإنقطاع الطويلة!؟
فكان ردي هو أنني الأن ربما لم تعد لدي الرغبة للدراسة بسبب عمري الكبير، و أنه يجب على تعلم اللغة الفرنسية بشكل جيد إن كنت أريد متابعة دراستي الجامعية، يعني أنني أريد على الأقل سنتين حتى تصبح لغتي جيدة، و أربع سنوات دراسة جامعية، لم تعد لدي تلك الطاقة للدراسة مع الأسف، اتمنى ان أستطيع تطوير عملي الصحفي هنا ومتابعة العمل الذي أحببته والذي أريده.
- بعد انتهاء اللقاء تقدمت إحدى المدرسات وأحد الطلاب يسألوني هل يوجد تواصل بينك وبين عائلتك؟
قلت لهم هذا ما نسيت التحدث بشأنه وهو شيء مهم!
طبعاً لا أستطيع الإتصال بهم لأن النظام السوري يقوم بالتجسس على جميع المكالمات التي تأتي الى داخل سوريا، وهذا يحزنني جداً، وأيضاً عم رؤيتي لهم منذ 5 سنوات تقريباً.
أود أن أشكره لتعاطفه مع قضيتي و إهتمامه بها هو والمدرسة، كما أتوجه بالشكر لكافة مدرسي و طلاب الثانوية الذين حضروا للإستماع إلينا لمعرفة لماذا نحن هنا وما يحصل في بلداننا، و لا أنسى أيضاً شكر مريم لمساعدتها لي في الترجمة.
شكراً لكم
كل التقدي
Je m'appelle Salah, ancien journaliste de la province de Damas-Syrie, et aujourd'hui bénévole à l'association La Loco. J'ai participé à cette rencontre avec les élèves du lycée Lafayette de Brioude. C'est pour moi la deuxième rencontre après celle du lycée de Saint Florine au début de l'année dernière. Ces réunions sont très importantes pour présenter aux élèves ce qui se passe autour d'eux dans le monde. J'ai donc dû participer et parler de la situation en Syrie, de ce qui s'est passé auparavant et de ce qui se passe maintenant, de la raison de ces événements, de pourquoi je suis ici, comment je suis venu et quels sont les risques auxquels j'ai fait face dans ma vie avant de quitter la Syrie et avant de venir en France. Beaucoup de choses à expliquer !
Au début, je me suis présenté en français, dans la mesure où je connais la langue française, et après j'ai continué dans le peu d'anglais que je maîtrise couramment, avec un professeur du personnel de l'école traduisant pour les élèves et la présence d'une étudiante arabe de Tunisie nommée Maryam qui a traduit des passages que j'ai eu du mal à comprendre.
Pour parler d'abord de la révolution syrienne pacifique qui a commencé en Syrie le 15 mars 2011, et ensuite de l'injustice que nous avons subie de la part du régime de Bachar al-Assad et son massacre du peuple en partenariat avec les régimes russe et iranien, en plus des milices libanaises affiliées à l'Iran également, puis j'ai expliquer que j'ai dû arrêter mes études universitaires car ma ville était fermée et assiégée par l'armée de Bachar al-Assad. Après quoi j'ai parlé de mon travail de journaliste en documentant les manifestations pacifiques du début, puis les bombardements et les tueries que les pays mentionnés plus hauts ont pratiqués contre le peuple syrien. Puis j'ai parlé du déplacement que nous a imposé Bachar al-Assad , car il n'y avait pas d'autre choix devant nous: soit rester et être arrêtés et tués, soit quitter la ville et sauver nos vies !
J'ai donc choisi de quitter la ville de force et j'étais triste et insatisfait de cela, puis je suis allé dans le nord de la Syrie, là aussi la situation sécuritaire et économique était très mauvaise, alors j'ai décidé d'aller en Turquie à pied illégalement à travers la frontière. Je l'ai fait après plusieurs tentatives, car il m'a fallu 15 heures d'affilée pour traverser les plaines et les montagnes jusqu'à ce que j'atteigne la Turquie, puis je suis allé à Istanbul en voiture. Arrivé en Turquie, je rêvais de m'installer enfin et d'y vivre ma vie qui avait été interrompue depuis 2011. Mais cela ne s'est pas déroulé comme prévu: la majorité du peuple turc et le gouvernement avaient une autre opinion: l'expulsion des Syriens e. En les expulsant de manière forcée et obligatoire. J'ai été soumis à beaucoup de harcèlement pendant mon séjour en Turquie, qui a duré trois ans, avant que je demande au consulat de France à Istanbul d'obtenir la protection du gouvernement français, avec la présentation de tous les documents que je possède et les justifications qui me permettent de déposer le dossier. Après l'entretien au Consulat fin 2019, j'ai attendu fin 2021 pour obtenir l'agrément et venir en France, et je remercie le gouvernement français de m'avoir accordé cette protection.
Une des élèves m'a questionné sur mon désir de continuer mes études ici en France après une longue période d'interruption.
Ma réponse a été que maintenant je n'ai peut-être plus envie d'étudier à cause de mon âge, que je dois apprendre la langue française si je veux poursuivre mes études universitaires, c'est-à-dire qu'il me faut au moins deux ans pour que mon français soit bon, et quatre années d'études universitaires, c'est long. Malheureusement, je n'ai plus d'énergie pour étudier. J'espère pouvoir développer mon travail de journaliste ici et poursuivre le travail que j'aimais et que je voulais.
Une fois la réunion terminée, l'un des professeurs et l'un des élèves se sont avancés pour me demander s'il y a une communication entre ma famille et moi?
Je leur ai dit que c'est de ça que j'avais oublié de parler et que c'est important !
Bien sûr, je ne peux pas les contacter car le régime syrien espionne tous les appels qui arrivent en Syrie, et cela me rend très triste. Je les ai vus la dernière fois il y a presque 5 ans.
Je tiens à remercier de la sympathie et de l'intérêt qu'on a porté à mon cas à l'école, ainsi qu'à tous mes professeurs et lycéens qui sont venus nous écouter pour savoir pourquoi nous sommes ici et ce qui se passe dans notre pays. Je n'oublie pas non plus de remercier Maryam de m'avoir aidé pour la traduction.
Merci