
Zainullah a quitté Saint Beauzire en décembre 2020. Après un court séjour à Yssingeaux, il a été embauché aux Jardins de la Bruyère à Langeac. Le mardi 03 mai, il est venu sur le Puy pour participer à une journée d’intégration. En fin de journée, il a pris contact avec un des bénévoles qui l’accompagnait et chez qui il venait dans le cadre des ‘tandem’ de la LOCO. Une occasion de partager une soirée en regardant un film à la télé et de discuter en partageant ce qu’il a vécu et vit.
Un de ses amis a été débouté par l’OFPRA. L’avocat avec qui il a préparé son entretien devant la CNDA lui a demandé s’il pouvait obtenir un témoignage sur ses engagements au CADA. Zainullah a transmis cette demande lors de la soirée chez ces bénévoles. Son histoire, le rend sensible aux autres.
Lui aussi a obtenu le droit d’asile en passant par la case ‘Cours Nationale des Demandeurs d’Asile’ après avoir été débouté par l’OFPRA. « Pourquoi j’ai perdu la première fois comme beaucoup d’autres ? Parce que je n’ai pas su répondre. Chez moi, je ne suis pas allé à l’école. Quand les problèmes sont arrivés, j’étais dans l’oreille d’un éléphant. C’est une expression qui veut dire que je ne connaissais rien du monde. Je n’avais pas à penser au lendemain. Notre pays est en guerre depuis 40 ans. Je ne faisais pas attention à ce qui se passait. Je ne suis pas allé à l’école. Et à l’OFPRA, ils n’arrêtaient pas de me poser des questions. Beaucoup de questions : à quelle date tu es parti ? Arrivé ? tu es passé par où ? Chez moi, j’étais timide. Je n’avais pas la possibilité de parler et de m’expliquer devant d’autres personnes, devant un juge. »

Cette attention aux autres, il la vit également en se rendant proche de ceux qui vivent aujourd’hui au CADA de Saint Beauzire. Pourquoi aller au CADA ? « Chez moi, à Langeac, je suis seul. Avec qui partager ma journée ? »
Lors d’un week-end chez un ami à Clermont, il a rencontré Hasmatullah. Lui aussi a quitté le CADA depuis plusieurs mois. Il habite Brioude. Mais n’a pas perdu le lien avec le CADA qui l’a accueilli. Zainullah lui a partagé son désir d’aller à la rencontre des autres à Saint Beauzire. Mais une fois à Brioude, comment aller à Saint Beauzire ? Il n’y a pas de moyen de transport. Hasmatullah lui a dit qu’il l’accompagnerait en voiture.
En partant du Puy en Velay, Zainullah prend le bus pour Brioude où l’attendent des amis. En fin d’après-midi, il montera avec Hasmatullah et d’autres au CADA. « J’aime faire du sport… du cricket. En montant au CADA, je peux jouer avec les autres afghans qui sont là-bas. Tu comprends, c’est un moment de partage. Cela nous change la tête. A eux, comme à nous. Notre famille n’est pas en France. Cela nous fait du bien de se retrouver. »
Mais Zainullah ajoute : « C’est aussi l’occasion de parler avec eux. Ils nous demandent comment cela se passe au travail. On discute tout en buvant le thé. Je peux leur dire ce qui a été important pour moi quand j’étais au CADA. Comme les cours de français : « Si vous voulez vivre en France, il faut apprendre le français. C’est important de parler français. Et puis, c’est important aussi d’avoir le permis de conduire en France. C’est la première chose qu’un employeur demande. Alors, profitez, comme moi, d’apprendre le code de la route pendant que vous attendez au CADA. C’est trop dur après. »

Il poursuit en rappelant combien cela a été important pour lui, comme pour d’autres, d’avoir été en contact avec des français. « J’ai appris avec eux les règles, la culture… Comment s’adresser à une autre personne que l’on ne connaît pas. »
Zainullah s’appuie sur son vécu. Lui aussi passait beaucoup de temps sur son téléphone à jouer. C’est vrai ! Cela évite de penser aux problèmes. Mais aller en cours de français, aller aux activités proposées, cela change aussi la tête. « N’ayez pas peur de parler français, même si ce n’est pas du bon français. Les bénévoles vous écoutent et ils vous aident à mieux parler. »
« Si tu te bouges ! Tu trouves le chemin. » Et Zainullah se rappelle combien cela a été important de partager avec les différents bénévoles qu’il a rencontrés sur sa route depuis son passage au CADA. « Il faut faire connaissance avec les gens qui qui viennent avec vous au CADA. J’ai commencé par les cours de français, mais après, c’est en parlant avec les bénévoles que j’ai progressé. »
Et Zainullah de conclure : « Chacun sa vie. Mais pour moi, c’est important de leur dire ce qui a été important pour moi ! ». C’est sûrement les raisons qui font qu’aujourd’hui, Zainullah est bénévole à la LOCO.